Une série de mystères

Deuxième partie: Les héros de mon passé

par J. J. (Joe) Healy, Surintendant de la GRC (retraité)

avec la collaboration et la patience d’amis
dont les noms seront bientôt révélés


la mémoire du surintendant principal J. W. 'Jack' White, reg.#0.795
1er janvier 1931 - 22 février 2011
Jack connaît maintenant le secret d’une grande énigme canadienne


Mystery Parcel

Dans la première partie, parue le mois dernier, j’avais dit avoir reçu un présent très spécial, la veille du 10e anniversaire de mon départ à la retraite de la GRC. Un colis m’avait été envoyé par courrier, un colis que j’attendais depuis longtemps. Pour bien faire comprendre l’importance de ce colis, je dois faire un retour en arrière et renouer avec les héros de ma jeunesse. Chacun de ces héros a marqué ma vie.

Ce sont eux qui m’ont amené à joindre les rangs de la GRC et à y poursuivre une valorisante carrière. Ensemble, les remarquables qualités de mes héros ont la même importance que le précieux contenu du mystérieux colis.

UofT

Si j’en avais l’espace, j’énumérerais ici les nombreux avantages de la rêverie. Bien qu’elle m’ait suivi pendant toutes mes années d’école, la rêverie n’a jamais été acceptée par mes professeurs. Je pourrais même dire qu’elle y était aussi bien accueillie qu’une morsure de serpent. J’ai cependant remarqué, au fil des ans, que les opinions sur la réflexion, la rêverie, le repos et le yoga dans les écoles n’ont jamais fait l’unanimité.

Par exemple, bien que cela ne soit pas vraiment connu, certains professeurs d’université ont pour habitude de faire une petite sieste entre leurs cours. Je me souviens d’avoir surpris, il y a de cela bien des années, alors qu’il semblait dormir confortablement installé dans son fauteuil, un de mes professeurs qui jouissait d’une réputation internationale et dont le nombre d’ouvrages publiés m’avait toujours fort impressionné. Nouvelle méthode d’apprentissage, ai-je immédiatement pensé. Je ne voulais pas l’interrompre, mais il s’est réveillé.

Il m’a alors expliqué que c’est lorsqu’il se trouve dans un état de repos qu’il est le mieux à même de méditer sur les grandes questions. Pour moi, cela équivalait à rêver tout éveillé. Pour la première fois depuis que j’étais dans la GRC, je me suis alors dit que j’aurais peut-être dû choisir l’enseignement! Et j’ai expliqué au savant professeur qu’un petit roupillon au milieu de la journée n’était pas un des privilèges du travail policier : il n’est pas facile de trouver le temps de faire un petit somme au milieu d’une enquête sur une affaire de fraude!

Honey

Mais les avantages de la tranquillité dans la journée du professeur m’ont ramené aux années 1950 alors que j’étais gamin. La pédagogie était à ce moment-là une science inexplorée. Même si j’étais considéré comme un bon élève, mon esprit avait tendance à vagabonder à l’école et j’étais souvent dans la lune pendant les cours. Pour les enseignants, toute distraction en classe était de la rêverie, une faute grave à mon école. C’était un comportement qu’ils qualifiaient d’indigne et de pure perte de temps. J’ai dû avouer à mes parents que j’avais effectivement tendance à rêvasser, habitude qui m’a valu de sévères réprimandes dans mon bulletin. À tel point que mes professeurs en sont venus à penser qu’un séjour dans l’armée me ferait du bien.

Canadian Guards

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour l’infanterie canadienne et, quand j’étais gamin, le régiment Canadian Guards était, pour moi, le meilleur. À la fin des années 50 chez les Cadets, ces hommes ont été mes principaux instructeurs de drill, et j’ai été attristé quand le régiment a été dissout : il a eu, dans ma jeunesse, une énorme influence sur ma vie. Je me souviens avec tendresse des manières brusques et du vocabulaire coloré de l’adjudant Eddy et du sergent Bailey. Ils avaient combattu lors de la Seconde Guerre mondiale, et l’écharpe rouge qu’ils portaient en bandoulière était un rappel du sang versé au front par les soldats canadiens. Tous des héros! L’écharpe rouge avait donc une signification particulière. Et je me demande aujourd’hui ce qu’ils sont devenus.

http://www.canadianguards.ca/eason.htm Jimmy (Joe) Eason photos

Après quelques semaines passées à la Base de Gagetown (NB), mon père est intervenu auprès du commandant pour que je puisse terminer mes études secondaires. Il m’aimait et était convaincu que je finirais un jour par réussir. Mon père a été mon tout premier héros.

The Healy's

De retour aux études, le principal, M. McGeachy, s’est intéressé de près à mon éducation. Il a mis au point un programme scolaire qui tenait compte de mes forces et de mes intérêts. Il m’a aussi encouragé à participer à d’autres activités scolaires et sportives. M. McGeachy mérite la plus haute distinction pour avoir sauvé la vie d’un élève, la mienne! Il est un héros et nous restés amis.

Principal McGeachy

À une autre occasion, Mme Douglas, elle aussi professeur, m’a surpris à faire accidentellement un clin d’œil à une fille de la classe de trigonométrie, ce qui n’a pas manqué de créer toute une commotion dans la classe. Mme Douglas, qui n’était pas d’humeur à me faire un juste procès, a sévèrement décrété devant tous « que jamais elle n’avait vu pareille chose! ». Mon père a plus facilement accepté mon excuse de « paupière paresseuse »... Des années plus tard, alors que j’avais déjà joint les rangs de la GRC, j’ai rencontré Mme Douglas à la banque de la ville de mon enfance. Elle était âgée, frêle et seule.

Miss Douglas

Elle avait complètement oublié l’histoire du clin d’œil, mais était heureuse que je l’aie reconnue. Je lui ai dit que j’étais devenu membre de la GRC. Réalisant que je ne la reverrais probablement jamais plus et comme j’avais suffisamment de baisers en réserve, je lui en ai flanqué un tout petit sur la joue. Elle n’a pas résisté. Puis, nous nous sommes dit adieu. Mme Douglas était un excellent professeur et une mathématicienne de talent. Les enseignants étaient mes amis. Même encore aujourd’hui ils me restent chers. Je n’en ai aimé qu’un seul, mais je suis redevable à tous. Mes héros!

Et c’est pourtant vrai : la rêverie est une activité qui peut se révéler dangereuse pour un jeune garçon qui a tendance à se prendre pour James Bond. Étant donné la perte de temps qui en résulte, elle n’a pas ses lettres de noblesse auprès de nombreux adultes. Mes premiers héros du petit écran, Lash LaRue, Roy Rogers, Red Rider et The Lone Ranger, étaient en grande partie responsables de cette futile activité. Mais c’est en rêvassant que j’ai vécu d’excitantes aventures imaginaires. Les événements qui se déroulaient dans ma tête avaient, pour la plupart, des dénouements heureux. La mort n’y avait pas sa place. Je rêvais d’un monde d’espoir. La vulgarité et l’obscénité étaient inconnues de mes héros de la télé. J’étais un cowboy vivant dans le Far West avec Honey, ma jument. Elle était digne des Olympiques : obéissante, majestueuse, fiable et soyeuse. J’appartenais à une autre époque.

Je les appelais tous par leur prénom : Lash, Roy, Red et le Ranger. Un acteur de la télévision canadienne, Tonto, m’apprenait les techniques de survie. Comme cowboy, ma mission était simple : protéger les nouveaux arrivants dans l’Ouest. Sauver des vies était une autre de mes grandes priorités. Je n’attendais rien en retour. Il y avait peu de règles écrites, la vie était simple. Je ne savais pas ce qu’était la primauté du droit, mais le franc-jeu était important pour moi. Les bandits aussi méritaient d’être traités avec justice. J’offrais aux hors-la-loi des options. D’abord un avertissement et peut-être quelques réprimandes. Je me souviens que mon arme restait toujours dans son étui. Je faisais tout pour que les hors-la-loi soient ramenés vivants et, pour cela, je leur tendais des pièges. J’estimais qu’il était insensé de tuer et que ces hommes devaient être capturés. Il fallait laisser aux tribunaux la chance de décider de leur sort. J’admirais les qualités des cowboys; ils étaient audacieux, braves, justes, droits, disciplinés, et protégeaient les personnes vulnérables et préservaient la vie. Et ils étaient tous de superbes cavaliers. Mes cowboys favoris avaient toutes ces qualités, remarquables pour quiconque. Les cowboys étaient parmi mes premiers héros.

Mystery Parcel

À l’école secondaire, j’ai compris que mes parents et enseignants avaient certaines attentes pour moi. Ils semblaient même s’entendre au sujet de ma future carrière, laquelle, bien entendu, comportait nécessairement des études plus avancées. Mais moi, je rêvais de chevaux et de vie en plein air dans les prairies. Je voulais avant tout faire le bien et, si j’en avais le temps, peut-être flirter avec les filles. Ma vie de cowboy ne me permettait pas de faire des études plus poussées, et j’osais espérer que mes héros partageraient mon avis. Les rêves ont l’avantage de s’adapter aux goûts du rêveur.

Je suis né au milieu des années 1940 dans une petite ville du sud-ouest du Nouveau-Brunswick, entourée de forêts que mes copains et moi parcourions en toute sécurité. Les étés étaient longs et j’avais amplement le temps de mettre à l’essai les importantes techniques de survie que m’avait enseignées Tonto. J’ai appris à construire un fort, à m’approvisionner dans la nature, à fabriquer arcs et flèches et à chasser le lapin. J’ai acheté ma première carabine à plombs BB. Je devais m’assurer que la vie à l’intérieur du fort était protégée. J’admirais la loyauté de Tonto pour son partenaire masqué. Tonto était l’un des mes héros préférés.

Les hivers de ma jeunesse étaient particulièrement rigoureux. Survivre à l’hiver était une très sérieuse préoccupation. Mon héros de bande dessinée préféré était le sgt Preston de la GRC et son chien King. Le sgt Preston a dû lutter pour survivre à l’environnement dur et impitoyable de l’Arctique. Et comme les conditions météorologiques du Nouveau-Brunswick diffèrent peu de celles de l’Arctique, j’ai dû lutter moi aussi. J’ai appris à construire un fort de neige. Mon fort devait être isolé, et je devais être prêt à affronter le danger quel qu’il soit. Maman a commencé à se plaindre que des couvertures et des oreillers disparaissaient de la maison. À cette époque-là, il était aussi mal vu, pour un ado, de fumer et de se déhancher à la Elvis, tout comme lire des bandes dessinées. Mais j’en ai lu suffisamment pour apprendre à skier et à faire de la raquette. Selon le sgt Preston, ces connaissances étaient nécessaires à quiconque voulait piéger des animaux et survivre dans l’Arctique. J’ai fait de mon mieux pour imiter le sgt Preston et son chien King. Ils étaient des héros. Et seuls les héros m’intéressaient.

JeanBeliveau

Jean Béliveau était indéniablement mon joueur de hockey préféré et mon héros. Son père avait été policier au Québec. Mon choix était simple en ce qui concerne les chandails de hockey : rouge ou bleu. C’était un choix facile. Moi, c’était le rouge de Montréal. Même ma mère ne parvenait pas à me le faire enlever pour aller au lit. Pour moi, Jean était énorme et pourtant ses longs coups de patin le rendaient plus rapide que tout autre joueur. Il était un puissant et courageux patineur. La télé le montrait toujours au coeur de l’action, et souvent il bloquait les tirs de son propre corps. Je rêvais de voir mon nom à côté du sien sur la coupe Stanley. Lorsque Jean a quitté le hockey, la LNH a pris de l’expansion et mes allégeances se sont partagées entre le 27 de Toronto (maintenant sénateur) et le 4 de Boston (maintenant homme d’affaires). Ces deux hommes étaient aussi des héros en raison de leur étonnante rapidité sur la glace, leurs tactiques défensives et leurs lancers frappés. Ils ont contribué à modifier le hockey canadien.

Depuis ma plus tendre enfance, je voulais faire partie de la GRC. Je me souviens d’être allé avec mes parents à un défilé à Stephen (NB) vers 1950. Je portais un uniforme de la GRC que m’avaient fait parvenir mes cousins de New York. Durant le défilé, deux agents de la GRC vêtus de leur tunique rouge stoppèrent leur moto et me prirent, chacun leur tour, dans leurs bras. Je me suis senti en très grande sécurité. Je n’oublierai jamais l’impression que ces hommes et leur tunique rouge ont produite sur moi. Ces deux agents motards sont rapidement devenus mes héros.

Healy

À l’école, je me suis mis à lire des livres sur la GRC. Le premier de ces livres s’intitulait « Mounty in a Jeep » de T. Morris Longstreth, paru chez The Macmillan Company, New York, en 1949. Ce roman raconte les aventures d’une jeune recrue du nom de Sam Acton, qui venait d’être affectée à un petit détachement en Alberta. Sam avait reçu une Jeep de son père et s’en servait pour mener ses enquêtes. Sam Acton était un autre de mes héros. Et lorsque j’ai joint les rangs de la GRC au milieu des années 60, l’un des premiers véhicules que j’ai eu à conduire à la Division « E » était justement une Jeep!

C’est dans le cours d’histoire de la 4e année que le nom du surintendant Sam Steele est apparu pour la première fois. Il a toujours été considéré comme le plus célèbre agent de la Police à cheval du Nord-Ouest. Il était un aventurier et sa vie a alimenté mes rêves. Quand j’ai appris qu’il avait passé la plus grande partie de sa vie en plein air comme moi dans mes rêves, je me suis mis à l’admirer. Sam Steele avait la réputation d’être un habile entraîneur de chevaux et les plus récalcitrants lui étaient confiés. En plus d’être un excellent cavalier, il excellait à la chasse et au pistage. Il était très discipliné et a fixé des normes rigoureuses aux recrues dont il avait la charge. Il a su gagner la confiance de ses subalternes. Au cours de sa carrière, il a parcouru les Prairies, le Klondike et l’Afrique du Sud.

1Steele

Le surintendant Steele a été dépêché aux points chauds de notre jeune pays et a promis aux Autochtones de faire régner l’ordre. Pour lui, tous devaient être soumis aux mêmes lois. Il a fortement contribué à instaurer la paix chez les travailleurs lors de la construction du chemin de fer du CP. Même s’il maniait avec expertise la carabine et le pistolet, le surintendant Steele préférait la paix à la violence pour régler des différends. L’héritage qu’il a laissé repose solidement sur sa renommée d’homme honnête et juste. Le surintendant Steele est un héros des débuts de la P.C.N.-O., et j’aurais été fier de travailler sous ses ordres. Il y a quelques années, sa collection de lettres, de médailles, d’épées et d’uniformes, qui se trouvait en Angleterre, a été remise au Canada; elle se trouve maintenant à l’Université de l’Alberta. Je me suis souvent demandé si cette collection était vraiment complète.

HealyDog

Le sgt Cawsey est un autre célèbre membre de la GRC. C’est grâce au sgt Cawsey et à son chien, Dale, que des chiens ont été introduits dans le travail policier. L’un de mes premiers souvenirs d’enfance de la GRC est un récit au sujet du sgt Cawsey qui a retrouvé, avec l’aide de son chien Dale, un enfant perdu. Leurs aventures, en tant qu’équipe homme et chien, ont eu pour effet de me faire rêver encore davantage. J’admirais le lien entre l’homme et son chien. Moi aussi, j’avais un chien, qui m’a souvent « sauvé » en m’aidant à retrouver mon chemin après une journée dans la forêt. Il est mort victime d’un accident d’auto.

Tout au long de ma carrière, j’ai admiré les hommes, les femmes et les chiens de la Section canine de la GRC. Il m’est toutefois arrivé, alors que j’étais en position d’autorité, d’avoir à approuver la destruction d’un chien de la GRC qui ne remplissait plus ses fonctions. C’était peut-être une décision sans grande importance, mais qui m’a troublé. L’inspecteur et le vétérinaire de la GRC devaient cependant agir selon leurs obligations professionnelles.

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Les jeunes Canadiens, hommes et femmes, qui joignent les rangs de la GRC sont motivés par les héros de l’organisation. Cela devient évident quand je parle aux candidats. Ils associent leur héros à des événements de leur propre vie : un membre de leur famille faisait peut-être partie de la GRC, ils ont peut-être rencontré un membre de la GRC à l’école ou lors d’activités sportives. À l’école secondaire, mon héros était l’agent Bill McLellan. Un après-midi de printemps en 1963, il m’a fait monter dans son auto-patrouille Studebaker. J’avais séché mes cours et faisais du pouce le long de la Transcanadienne près de St. Stephen (NB). Quand je l’ai vu approcher, j’ai tout de suite pensé que la prison m’attendait. Mais nous sommes devenus amis et lui aussi avait déjà séché des cours en Nouvelle-Écosse. Il est devenu mon mentor. Il m’a encouragé à finir mes études et à faire une demande d’emploi à la GRC. Conseil judicieux à un jeune homme de la part d’un héros.

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Les batailles auxquelles la GRC a été appelée à participer sont illustrées dans le guidon de la GRC un drapeau spécial présenté par la Reine et porté uniquement par la GRC lors de cérémonies). Ces guerres comprennent : la Rébellion du Nord-Ouest, la Guerre des Boers, la Grande Guerre de 1914-1918 et la campagne de Sibérie qui s'ensuivit, et la Seconde Guerre mondiale. En 1964, alors que je recevais une formation à la Division Dépôt, je me suis sérieusement penché sur le rôle de la GRC dans ces guerres. Beaucoup de membres de la GRC ont perdu la vie au cours de ces conflits et, plus près de nous, au cours de missions des Nations Unies. De plus, des centaines ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions ici même. Ils sont des héros pour tous les Canadiens. Leurs noms sont gravés au tableau d’honneur de la GRC, et ils ne seront pas oubliés. Leur attachement au Canada et à la Force est considéré comme un acte d’amour. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15:13)

Cenotaph

J’ai entendu bien des histoires au sujet d’Albert Johnson, surnommé le Trappeur fou. Décrit comme un homme déséquilibré, Johnson et les agents de la GRC qui l’ont pourchassé au début des années 1930 ont fait l’objet de plusieurs ouvrages et articles. Lorsque j’ai été affecté à des détachements après ma formation de base, j’ai rencontré des gens qui avaient entendu parler de la façon dont Johnson avait été coincé puis tué lors d’une fusillade avec la GRC. Le récit du Trappeur fou a fasciné des milliers de gens, moi y compris. La longue chasse au Trappeur fou dans le Yukon n’a pas manqué d’enrichir la légende qui entoure la GRC. Sa poursuite dans la nature sauvage a ajouté de la véracité à la maxime populaire qui veut que les policiers montés « attrapent toujours leur homme ».

Reg.#9669Millen

Mes parents étaient originaires de Brooklyn (New York). La poursuite du Trappeur fou a été radiodiffusée partout dans le monde. À Brooklyn, mes parents ont donc entendu parler de la GRC et de ses exploits héroïques. Comment pouvait-on ne pas être fasciné par ces hommes en parkas et traîneaux à chiens qui bravaient le froid de l’Arctique à la recherche de l’insaisissable fugitif qu’était Albert Johnson? La véritable identité d’Albert Johnson demeure à ce jour incertaine. Chaque fois que j’entends le nom du Trappeur fou, je ne peux m’empêcher de prêter une oreille attentive.

Insp. A. N. Eames

Même aujourd’hui, l’histoire du Trappeur fou continue d’intéresser les Canadiens. Il n’y a pas longtemps, des scientifiques ont exhumé son corps en vue d’une expertise judiciaire. Son corps a été examiné et un documentaire télévisé a été produit. Je possède aussi plusieurs ouvrages sur cette affaire. J’estime qu’il faut reconnaître les mérites de tous ceux qui ont participé à cette chasse à l’homme : les gendarmes spéciaux de la GRC, les bénévoles, les trappeurs, les gens de la région, les Autochtones, les médecins, le Royal Canadian Signal Corps et le pilote Wop May. Certains membres de la GRC se sont aussi distingués pour leur bravoure. Au début de l’affaire, l’agent « Buns” King a été atteint par le Trappeur fou. L’officier responsable de la chasse à l’homme, l’inspecteur Eames, a heureusement persisté dans l’espoir de capturer Johnson vivant. Ce qui me rappelle les admirables actions de mes héros cowboys. Malheureusement, l’agent Millen a été tué par Johnson et le sergent d’État major Earl Hersey du Royal Canadian Signals Corps a été blessé. À la fin, Albert Johnson, le Trappeur fou, a été coincé et tué.

Les membres qui ont servi à bord du navire de la GRC, le St. Roch, ont aussi vécu d’incroyables expériences dans le Grand Nord. Sous les ordres de leur capitaine, le surintendant Larsen et ses hommes ont traversé le passage du Nord-Ouest, d’abord de Vancouver (BC) à Halifax (NS) puis en sens inverse. Ils ont passé un hiver coincés dans les glaces. Fait intéressant à signaler, lorsque j’étais à la Division « Dépôt » en 1964, mes amis recrues et moi-même avons eu à creuser une fosse au cimetière de la GRC à Regina (SK). Après sa mort, le surintendant Larsen a été inhumé dans une fosse qui se trouvait à côté de celle que nous avions creusée. Il y a quelques années, la fille du surintendant Larsen m’a fait parvenir un message qui m’a aidé dans mes recherches. Je lui avais déjà mentionné que j’étais intrigué par la façon son père portait son insigne de coiffure. Le capitaine Larsen et l’équipage du St. Roch sont des héros.

Captain Larsen

À mon avis, des affrontements policiers menant à la mort ne sont jamais des dénouements honorables. Dans ces cas, la mort n’a rien de glorieux. Au bout du compte, il n’y a que deux grands principes : l’équité et la justice. Préserver la vie et protéger les biens. C’est là l’apanage des héros. Le fil conducteur de mes rêves a toujours été : « capturez-les vivants » et cela semble bien aller dans le sens de « Maintiens le droit ».

Air Division 

L’histoire de la GRC est souvent l’histoire de héros. La Marche vers l’Ouest, la Rébellion du Nord-Ouest, l’épisode du Trappeur fou, la Section canine, la Division du Service de l’air et le voyage du St. Roch sont autant d’éléments qui mettent en lumière certains de mes héros les plus colorés et les mieux connus de la GRC. Les héros de ma vie!

La troisième partie de cette série paraîtra le 23 avril 2011.

J. J. (Joe) Healy
Reg.#23685 Le 23 mars 2011



Première partie : mars 2011 - 'La livraison d’un colis longtemps attendu'

Troisième partie : mai 2011 - 'Un meurtre peu ordinaire'

Quatrième partie : juin 2011 - 'Une affaire de famille : un secret bien gardé'

Cinquième partie : juillet 2011 - '0.209, A.N. Eames : Vie, traditions, revers, solitude et héritage'

Sixième partie : août 2011 - '0.209, A.N. Eames : Revers, solitude et héritage'



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'Perpétuer nos souvenirs'